JEUNES NEET : CE QUE PROPOSE LA CESE POUR ARRêTER L’HéMORRAGIE

Le constat dressé par le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, sur les jeunes NEET est accablant. Plus de 1,5 million de jeunes au Maroc âgés entre 15 à 24 ans sont sans emploi, ni études ni en état de formation au Maroc, sachant que ce nombre atteint 4,3 millions d’individus lorsqu’on élargit la tranche d’âge à 34 ans.

Intervenant dans le cadre d’une conférence de presse consacrée à la présentation de l’avis du CESE «Les jeunes NEET : quelles perspectives d’inclusion socio-économique», élaboré dans le cadre d’une auto-saisine, M. Chami a indiqué que cette catégorie se caractérisait par sa fragilité et faisait face à de multiples formes d’exclusion, en restant en dehors du système du travail, de l’éducation et de la formation professionnelle. Ceci sans évoquer, insiste M. Chami, les répercussions de l’exclusion continue de ces jeunes sur la cohésion sociale et la rupture de la paix sociale, notant que la persistance de ce phénomène «aggrave la pauvreté et les disparités, et alimente les sentiments de frustration chez les jeunes, et les crises psychologiques, qui peuvent conduire à la déviance, à l’extrémisme et à la migration clandestine».

Un dividende démographique non exploité

Pourtant, souligne M. Chami, ce dividende démographique pourra bientôt disparaître. Car si le Royaume compte aujourd’hui plus de 6 millions de jeunes, cette aubaine démographique ne sera peut-être pas là en 2040, d’où la nécessité de tirer pleinement parti de cette ressource avant sa disparition. «Les indicateurs relatifs au marché de l’emploi sont inquiétants. On apprend que le taux de chômage des jeunes poursuit son trend haussier pour atteindre 8,35% en 2023, tandis que le taux d’activité de cette catégorie a diminué à 22%. Parallèlement à ces indicateurs, le taux de participation des femmes continue de baisser pour atteindre 19%. Comment voulons-nous donc développer notre pays si les femmes actives ne représentent que 19%», s’exclame M. Chami. Abordant les raisons de l’élargissement de l’assiette des jeunes en situation de NEET, M.Chami a évoqué le problème du décrochage scolaire particulièrement élevé lors de la transition du niveau collégial au secondaire qualifiant, la difficulté d’accès au marché de l’emploi à cause de l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail ou encore la difficulté d’accéder à un autre emploi en cas de perte de travail.

Une approche en cinq axes

Ainsi pour pallier cette situation, le CESE propose d’adopter une approche globale et intégrée s’articulant autour de cinq axes. Le premier porte sur la surveillance et le suivi. En effet, le CESE propose dans ce cadre de mettre en place un système national d’information pour suivre les parcours des jeunes NEET, permettant d‘adapter les interventions en fonction des besoins spécifiques et des dynamiques régionales. Le deuxième axe porte quant à lui sur la mise en place de structures d’accueil et d’orientation, en développant un réseau de centres d’accueil en vue de proposer une orientation personnalisée aux jeunes NEET pour faciliter leur accès à l’éducation et la formation.

Le CESE recommande en troisième lieu d’améliorer l’insertion sociale des NEET à travers leur réintégration dans le système éducatif ou dans celui de la formation qualifiante et de les accompagner pour accéder au marché de l’emploi à travers la conclusion de partenariat avec le secteur privé et associatif. Pour ce qui est du quatrième axe, le CESE propose des mesures préventives, notamment l’instauration de la scolarité obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, ou encore l’amélioration de l’accès à la formation professionnelle et le renforcement du soutien aux familles en difficulté.

Le Conseil propose dans le même ordre d’idées l’élargissement de l’offre des écoles communautaires dans le monde rural pour lutter contre la déperdition scolaire, parallèlement à l’amélioration de leur niveau d’équipement et le renforcement de l’offre du transport scolaire. Le CESE préconise en outre de renforcer l’offre publique de formation professionnelle en milieu rural, en veillant à la mise en place de spécialisations qui soient adaptées aux besoins spécifiques de chaque région et de chaque territoire. Enfin, le cinquième axe porte sur le renforcement de la gouvernance et l’intégration de programmes sectoriels destinés à cette catégorie de jeunes, ainsi que la coordination continue entre les différents acteurs impliqués.

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